La chasse
C'est un mal de chien qui tue le mâle. C'est un feu coincé entre deux vertèbres. Un jayser puissant venu des artères. Une pulsation qui percute ses tempes. Et les oiseaux prennent leur envol.
Son corps chute, le bruit est sourd. L'agonie, elle, est silencieuse. Il a la bave lourde, le regard qui s'enfuit et les naseaux vibrants. Ses sabots frappent la terre qui se colore et s'inonde en saccades. Le sous-bois s'empourpre. Une odeur âcre les attirera bientôt, les parasites, les rôdeurs.
Le tableau est tragique. Le peintre range son fusil.
La chasse terminée, les gaillards se réjouissent. Sans se soucier, ils rient des affres perpétrées et des détresses alentours. Ils mangeront bien ce soir. Ils s'enivreront de bière et de puissance. Le bol sera rempli et les couteaux acérés.
La télévision passera en boucle les sursauts du monde lointain, ignorant la cruauté plus proche. Et les héros seront ignorés. Et les enfers seront célébrés.